LE MORCEAU D'ECORCE

(cliquer ici pour la version russe)

 

une pièce de Patrice Salzenstein

 


avec

Patrice Salzenstein                                       Le conteur

Isabelle Cauwet                                    La jeune femme

Jean-Cécile Headley                                               Olga

Eric Lheurette                                                           Ivan

Sébastien Willerval                                     Le capitaine

Juliette Willerval                               La jeune nordiste

Didier Ramon                                    Le garçon de café

 

Première de la pièce le 17 mai 1995

à la Grange de la Ferme Dupire à Villeneuve d'Ascq


 

 


ACTE I

 

SCENE I

 

 

           Un personnage apparaît sur scène.

 

Le conteur:

 

           Nous allons vous conter ce soir, l'histoire extraordinaire d'un morceau d'écorce. Il y aura des moments difficiles, et d'autres un peu meilleurs.

           Le morceau d'écorce, au début, n'est pas exactement un morceau, mais fait partie intégrante de l'arbre. L'écorce constitue une enveloppe presque imperméable, comme les couches de peinture anti-corrosion sur les arbres métalliques. Cependant, elle n'empêche pas l'arbre de respirer, la comparaison s'arrête donc là.

           Ce bout d'écorce, qui n'est pas encore un morceau, grandit sur son arbre. Son existence est bien monotone.

           Un jour, un animal vient se frotter contre l'arbre. Parce que ça lui gratte à un endroit précis de la peau.

           Le morceau d'écorce tombe par terre.

           Il reste étendu à même le sol. Mais il n'y pense pas. Il profite de la situation. Le jour, il peut voir le ciel bleu au-dessus de la cime des plus grands arbres. Et la nuit, il admire la Lune, pâle reflet du Soleil, et les étoiles.

           De temps à autre, un autre animal vient le flairer, le délaisse aussitôt et continue son chemin.

 

           Si rien d'extraordinaire n'était venu bouleverser son existence, il serait resté là, à attendre que les champignons poussent, et que les lichens ne le dérobent aux regards. Il serait lentement retourné à l'état originel dans la terre-mère pour boucler le cycle du sous-bois.

 

           Le vent souffle entre les géants de la forêt. Tout montre que c'est le début du printemps que ce morceau d'écorce ne verra pas éclore... à moins que, à moins que le hasard de ce monde chaotique ne l'ait choisi pour vivre encore autre chose!

 

           Des pas dans la brume matinale, des bruits de feuilles piétinées...

           Que t'arrive-t-il? Que va-t-il se passer? Les bottes sont là, à quelques centimètres... Non! Rassure-toi! Personne ne va te pisser dessus. Les gouttes, ce sont celles de la rosée du matin, fraîche de l'aube qui vient de se lever.

           La petite fille se baisse, et ramasse délicatement notre morceau d'écorce.

           Sa mère l'appelle à une dizaine de mètres de là.

           Dans ses petites bottines humidifiées, la fillette, tenant l'écorce avec ses moufles, rejoint la dame en manteau bleu.

 

 

 

SCENE II

 

La jeune femme:

 

           Je n'étais à l'époque qu'une toute petite fille, et ce morceau d'écorce, je l'ai trouvé joli. En passant dans le sous-bois, je l'ai ramené à la datcha. Je voulais rapporter un souvenir furtif. J'ai tout de suite aimé sa forme. C'est sans doute pour cela que je l'ai choisi, lui et pas un autre.

           A l'époque, nous vivions tous ensemble dans la petite maison en bois de grand-mère. Il y avait les parents, mon frère, la vieille babouchka et moi. Nous vivions au village parce que c'était plus commode. La datcha, un bien grand mot, car nous n'avions pas de résidence principale à la ville: on avait dû céder l'appartement communautaire. C'était une petite datcha bleue, avec deux grandes pièces. On était tout le temps les uns sur les autres. Papa buvait ou bricolait sa vieille Gigouli, maman préparait la soupe, babouchka cousait, mon frère Igor jouait de l'accordéon, et moi j'allais jouer prés du lac ou dans le sous-bois.

           Je ramassais des feuilles et des fleurs, et j'avais même constitué un herbier. Je collectionnais n'importe quoi. Des emballages de tablette de chocolat, des posters de champignons, des cartes postales de la région... Il faut dire que la région de Vologda est magnifique. Hélas je rapportais parfois de l'école des deux ou trois sur cinq, ce qui n'est pas bon du tout. Finalement, cela ne m'a pas empêché par la suite de suivre des études de psychologie à l'institut de Vologda, comme quoi, on s'en sort parfois très bien sans se casser la tête. Mais ce n'est pas l'objet de notre histoire.

           J'avais amassé n'importe quoi. Je ne savais plus quoi faire de tous ces objets insolites et inutiles qu'on aime bien et qui nous encombrent plus qu'autre chose.

           Pourquoi ai-je ramassé ce morceau d'écorce? Et bien, je serais bien en peine de vous répondre.

           Plus tard, je me souviens que je m'en servais pour empêcher les feuilles de s'envoler avec le vent. Pourtant, il ne tenait pas la route pour faire un presse-papier! Il n'était pas bien lourd.

           Mon frère Igor se moquait de moi parce que j'avais gardé le morceau d'écorce. L'année suivante, comme je l'avais conservé, il a composé une chanson gaie pour le morceau d'écorce. Il faut reconnaître qu'il savait se servir d'un accordéon.

           Ensuite il est parti faire la guerre en Afghanistan.

           Peu après, mon père est parti à l'hôpital. C'est vrai qu'il buvait beaucoup trop de vodka. Plus que la moyenne, si vous voyez ce que je veux dire.

           Quand papa est décédé, on s'est retrouvé à trois: babouchka, maman et moi. Ça faisait trois générations sous le même toit. Et pas un homme à la maison! "Tous des fainéants!" disait maman.

           Brejnev est mort lui aussi. Maman a été embauchée à l'usine, un boulot bien payé. On est parti vivre à la ville. On revenait régulièrement voir Babouchka restée seule à la campagne.

           J'avais emporté avec moi le morceau d'écorce. Je l'avais mis sur ma table de nuit pour me rappeler le bon vieux temps des balades dans les bois. Il est vrai que je m'étais mise à étudier un peu plus sérieusement, j'avais des copines. On allait au cinéma. A l'époque, c'était vraiment pas cher. On buvait du Kvas et on raffolait des glaces à la vanille, surtout l'hiver. J'avais plus tellement le temps de reprendre le bus pour aller voir Babouchka. Maman avait revendu la Gigouli et n'avait pas racheté de voiture.

           Le morceau d'écorce, je l'ai quand même gardé longtemps! Il était plein de poussière. Je n'y pensais plus. Il avait sa place dans le salon. Lorsqu'Olga, c'était ma meilleure copine, a fait un compliment sur ce bout d'écorce, je lui ai dit de le prendre: "Prends-le! Il est à toi. Si ça te fait plaisir..." C'était la Perestroïka. Ça m'intéressait beaucoup ce qu'ils disaient à la télévision. Alors le morceau d'écorce, non... Je ne sais pas du tout ce qu'elle en a fait!

 


ACTE II

 

SCENE I

 

Olga:

 

           C'est bien le diable! Il commence à m'énerver sérieusement. Mais qu'est-ce-qu'il fout à la fin? Ça n'est pas croyable! Quoi! Il finit de bosser à quinze heures à la fabrique, et il n'est pas fichu d'arriver à temps à un rendez-vous deux heures après! Mais je ne vais pas passer toute ma vie à l'attendre!

           Vous me direz, c'est vrai, aujourd'hui je suis forcé de l'attendre, vu qu'il a oublié de me laisser les clefs de l'appart. Mais quand même!

           Il pourrait avoir un minimum de déontologie, le bougre!

              C'était bien la peine de venir vivre à Léningrad, pour retrouver ce type. "Tu verras, c'est une ville superbe, il y a les nuits blanches, et les ponts qui se lèvent à trois heures sur la Néva..." Et patati, et patata! Non mais tu parles d'une vie! Tout ça, c'était trop beau. J'aurais dû m'en douter. Des promesses d'ivrogne, oui!

           "Tu verras, je te trouverai un super boulot ma chérie..." Non mais, c'est du délire. Je me lève à trois heures tous les matins pour empaqueter du caviar dans des boîtes de verre. Un boulot de merde, excusez-moi l'expression! C'est ça, oui, je vais me lever encore plus tôt pour aller admirer les ponts quand ils sont relevés. C'est ça, deux fois, même!

           J'espère qu'il ne va pas traîner, parce que je vais finir par me les geler sérieusement!

 

 

SCENE II

 

           Un type arrive en sifflotant légèrement, comme si de rien n'était. Il fume un cigare.

 

Olga:

 

           Ah ben, c'est pas trop tôt. Je commençais à me demander si ma montre n'était pas à l'heure de Vladivostok. Ça-y-est! Tu as bu ta bouteille de vodka. Pouah! Tu empestes!

 

Ivan:

 

           Oui. Je suis content. J'ai bu de la vraie vodka avec des potes. Et ça fait du bien au gosier. L'alcool, quand il fait froid, ça vous requinque un moribond en deux verres, trois mouvements.

 

           Il fait le geste de boire un verre, de le remplir de nouveau, et enfin de le boire.

 

           C'est moi Ivan le terrible et je vous emmerde tous!

 

Olga:

 

           C'est au moins des gars comme toi qui ont pris le palais d'hiver en dix-sept! Tu vas révolutionner les bars de Saint-Petersbourg! Tu vas partir à l'assaut des comptoirs!

 

Ivan:

 

           Non, allez! Olga, je disais tout ça pour rire. Faut pas tout prendre mal.

 

Olga:

 

           Pour te parler franchement, je ne te reproche pas de boire de la vodka. C'est culturel. Faut en boire un peu de temps en temps. N'empêche que l'heure, c'est l'heure. Et quand c'est plus l'heure, c'est plus l'heure! Voilà.

 

Ivan:

 

           Et bien je vais te dire pourquoi je suis en retard. Oui. Tout-à-fait. Je vais te le dire. Et sur le champ.

 

           Il baisse le ton, ou mieux, il parle de façon plus posée...

 

           J'ai parlé avec un type, Casimir qu'il s'appelle. Comme son nom ne l'indique pas, c'est un gars qu'a tout du méchant. Un type sur qui on peut compter. Tu sais, il connaît du beau monde, dans la mafia du port notamment.

 

Olga:

 

           Un brave type en quelque sorte...

 

Ivan:

 

           Bon. Ce Casimir, il me propose une combine. Dis-moi, tu arriverais à voler combien de boîtes de caviar par jour, dans ton usine?

 

Olga:

 

           Je ne sais pas, moi. Vingt, trente peut-être.

 

Ivan:

 

           Et avec tes copines de travail, hein?!

 

Olga:

 

           Ah, je sens qu'il t'a proposé un business, ton pote Casimir...

 

Ivan:

 

           Ah! Tu commences à comprendre...

 

Olga:

 

           Bon. Tu me connais. C'est d'accord. Je vais t'en ramener du caviar. Tu vas en avoir bien plus que tu ne peux l'imaginer. Mais, pas d'entourloupe, hein? Tu vas lui dire à ton Casimir. Qu'il ne s'avise pas de nous jouer un sale tour! Parce qu'il le regretterait, et toute sa chienne de vie! Peut-être qu'il s'imagine qu'il va nous manipuler. Peut-être même,... qu'il croit que l'on va se faire avoir comme des enfants.

           Qu'il essaye un peu pour voir! Ça, il va voir de quel bois je me chauffe.

           Il faut trouver un bon moyen de garder un tant soi peu le contrôle de cette affaire.

           Ah! Oui, je sais. Voilà: tu vas essayer d'aller le plus en aval possible dans cette foutue affaire.

 

Ivan:

 

           Je ne vois pas du tout ce que tu mijotes.

 

Olga:

 

           Eh bien, tu vas suivre la filière jusqu'au consommateur!

 

Ivan:

 

           Et tu crois que Casimir, il va être d'accord!

 

Olga:

 

           A partir de maintenant, c'est moi qui pose les conditions. Casimir, c'est un bon un rien. Tout ce qu'il c'est faire, c'est dévoyer les enfants pour en faire des délinquants. Il les emmène sur son île. Il les entraîne. Il en fait des voleurs.

           Tu vas aller le trouver, et tu vas lui demander de t'aider. Il le fera. De toute manière, il aura son pourcentage.

 

 

 

SCENE III

 

Le Conteur:

 

           Ah! Là, j'imagine que vous êtes perdu. Vous ne voyez pas exactement le rapport entre le début et la suite. La tournure que prennent les événements ne vous plaît pas du tout.

           Ça commençait bien. Le morceau d'écorce était tombé dans de bonnes mains. Il trônait sans doute sur la télévision, dans le salon, chez des gens bien comme il faut, des gens ordinaires, des gentils.

           Ah! Il ne sait pas ce qui l'attend. Il ne se doute de rien...

           Résumé de la situation. Olga a récupéré le morceau d'écorce chez sa meilleure amie de l'époque. Depuis, les deux jeunes femmes se sont perdues de vues. Elle est venue rejoindre Ivan à Saint-Petersbourg, et elle n'est pas satisfaite de sa nouvelle vie. On vient de leur proposer un business. Ça n'a rien d'extraordinairement illégal. L'U.R.S.S. n'existe plus, on vit en Russie, royaume de la mafia, et tout le monde essaie de s'en sortir comme il peut. Les salaires sont au plus bas, travailler honnêtement ne suffit pas, le meilleur moyen de s'en sortir, c'est les combines et le marché noir.

           Cependant, Olga a conservé le morceau d'écorce pour ce qu'il représente pour elle. Quoi au juste? Je ne sais pas, je ne lui ai pas demandé.

 


ACTE III

 

SCENE I

 

Ivan:

 

           J'espère que je ne vais pas me faire prendre. Ça a été assez facile de se faire embaucher sur ce bateau. Une poignée de dollars dans la poche du quartier-maître, une bonne bouteille de vin géorgien, et le tour est joué. Reste maintenant à débarquer toutes les boîtes de caviar lorsque l'on sera arrivé à Dunkerque. Normalement, ça devrait être de la tarte.

           J'irais zoner dans les rues avec ma guitare. On m'appellera Johnny, Johnny Guitare. C'est le nom d'un film américain que j'ai vu à la télé.

           Il faut que je trouve des gens de gauche. J'ai vu un reportage sur la gauche-caviar. Je pourrai leur en revendre. Ça sera tout bénef pour moi!

 

 

SCENE II

 

Le capitaine:

 

           Alors, matelot, on profite du vent du large?

 

Ivan:

 

           Vous voyez bien, capitaine, je prends l'air marin.

 

Le capitaine:

 

           Je le vois bien que vous avez l'air d'un marin!

 

Ivan:

 

           Je respire l'air iodé, j'oxygène ma panse.

 

Le capitaine:

 

           Vous m'avez l'air bien sur de vous, pour être si bien sur vous. Vous n'avez pas peur, n'est-ce-pas?

 

Ivan:

 

           Non. Je ne risque rien, je suis protégé du mauvais sort par un morceau d'écorce.

 

Le capitaine:

 

           Un morceau d'écorce! Comme c'est singulier.

 

Ivan:

 

           Cela vient d'une femme.

 

Le capitaine:

 

           Les bonnes femmes! C'est toujours les bonnes femmes qui nous posent des tas de problèmes.

 


ACTE IV

 

SCENE I

 

           Il taille quelque chose avec un canif.

 

Ivan:

 

           Ça y est. J'ai tout vendu mon stock de caviar. C'était beaucoup plus facile que je ne l'imaginais. Finalement, quand j'ai débarqué à Dunkerque, j'ai vite compris que je devais trouver autre chose. Et c'est comme ça que je me suis retrouvé ici, à Lille. Vendre des trucs pareils, c'est plus simple qu'il n'y parait. J'avais tout d'abord un rencard avec un évêque, parce que les hommes d'église, ça sait apprécier les bonnes choses. Hélas, le type m'a filé entre les doigts, il est parti s'engager dans une troupe à Paris, Les frères Jacques, avec un chanteur et un généticien. A ce qu'il parait, maintenant, il vit comme un tchétchène,... euh, comme un S.D.F., ou un squatteur, je veux dire.

           Le coup des religieux, c'était plutôt mal engagé, tu comprends. Ici, ils ne s'intéressent qu'à la bière et au fromage. Le caviar? Trop cher pour eux!

           En fait, je suis rentré dans une agence de voyage, et le type de l'agence, il m'a demandé "pourquoi moi?". Il a appelé son chef qui parlait un peut mieux les langues étrangères. Son chef, il m'a dit, "Vous savez, ici, il y a encore des gens qui parlent patois, vous m'en excuserez". Je lui ai demandé s'il était de gauche. Il m'a dit "Oui, si ça peut vous arranger". Alors, je lui ai proposé mon stock de caviar.

           Il m'a fait rentrer dans son arrière boutique. Il y avait pleins de voyages pour ses amis, pas ceux des clients. Il m'a proposé un prix. Il m'a dit "topez-là!"

           Non mais vous vous rendez-compte? J'ai tout vendu à un jeune directeur commercial.

           Seulement, le sinistre individu, il m'a refilé des francs belges! Qu'est-ce-que je vais faire de tout ça, hein?

           Comme je n'ai pas obtenu assez d'argent pour m'acheter mon billet retour, me voilà obligé de tailler des petits objets avec un canif. Avec un peu de chance, j'en tirerai un bon prix...

 

 

 

SCENE II

 

Le conteur:

 

           Le morceau d'écorce... Il aura bien servi à quelque chose. Mais j'ai l'impression que son voyage va s'arrêter là.

           Au fait, il n'y aurait pas quelqu'un dans cette salle, qui serait sympa, au point de lui acheter ce bout d'écorce pour qu'il ait un peu plus de thune?

           Non, hé! Je plaisante.

 

 

 

SCENE III

 

           Une jeune nordiste passe par là. Elle s'assoit sur une chaise.

 

La jeune nordiste:

 

           Hep! Garçon! Une bière!

 

           Elle claque son doigt dans sa main d'un geste d'étudiante sûre d'elle-même, un peu comme à la terrasse des cafés chic qui se trouvent près de la Grand-place.

 

Le garçon de café:

 

           Voilà. Pour vous, ce sera quinze francs hors taxes.

 

La jeune nordiste:

 

           Merci. Elle est fraîche, au moins?

 

           Le garçon de café s'éloigne.

 

 

 

SCENE IV

 

           Ivan vient importuner la nordiste qui savoure tranquillement sa bière.

 

Ivan:

 

           Mademoiselle! Pardonnez-moi de votre bonne grâce à persévérer à savourer votre antique breuvage, fermenté par des moines bedus! L'instant d'une bière est agréable, mais si fugitif quand il s'en est allé, dans le gosier.

           J'ai là la solution à tous vos problèmes.

 

La jeune nordiste:

 

           Vous avez un problème.

 

Ivan:

 

           Ces objets sont d'une valeur inestimable et inestimée. Ce qui leur confère un pouvoir irrémédiable en diable. Ils sont vendus normalement au prix de 300 000 francs le quintal. Mais comme tout cela est bien trop technique, je vous le propose pour la modique somme de...

 

           Il lui chuchote le prix à l'oreille. Elle ne réagit pas immédiatement. Puis marque un vif mouvement de surprise.

 

La jeune nordiste:

 

           Non, mais vous déconnez?

 

Ivan:

 

           Marché conclu?

 

La jeune nordiste:

 

           Marché conclu.

 

 

 

EPILOGUE

 

 

Le conteur:

 

           Après cette dernière transaction, la jeune nordiste est allée porter le morceau d'écorce au pied d'un grand arbre de la forêt de Saint-Amant.

           Un elfe qui passait par là a utilisé ses pouvoirs magiques pour transformer une source d'eau pure en source de bière.

           Ivan est parti retourner vivre dans son pays où il s'est fait engueuler par Olga.

 

 

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